Sommes-nous vraiment souverains face aux menaces numériques ? Alors que s’ouvre le Forum InCyber Europe 2025 à Lille, grand rendez-vous de la cybersécurité, cette question est plus brûlante que jamais. Et, à l’heure actuelle, la réponse reste majoritairement négative.
🔐 Cybersécurité : un enjeu stratégique (et géopolitique)
- Le coût des cyberattaques en France est estimé à 2 milliards d’euros en 2022.
- Derrière ce chiffre, on trouve des infrastructures publiques et privées de plus en plus exposées, où la sophistication des attaques s’accentue.
- Dans ce contexte, la cybersécurité constitue bien plus qu’un simple bouclier technique : c’est un levier d’autonomie stratégique.
En France, l’ANSSI joue un rôle de pilier. Réputée pour la qualité de ses analyses, elle contribue également à l’écosystème Open Source en partageant des outils de cybersécurité audités et réutilisables. Malgré tout, nous restons massivement dépendants de solutions logicielles étrangères, en particulier américaines.
Quelques exemples récents :
- Wiz, spécialisée dans la sécurité du cloud et utilisée par de nombreuses entreprises du CAC 40, a récemment été rachetée par Google.
- Fortinet reste un incontournable des pare-feu au sein d’infrastructures critiques.
- Palo Alto Networks propose des plateformes de sécurité réseau et cloud massivement déployées dans les grandes organisations françaises.
Ces outils, bien que performants, renforcent la dépendance à des technologies extérieures et posent des questions de souveraineté, de contrôle des données et de confiance.
🌍 L’Open Source : un levier d’agilité, de transparence et de souveraineté
L’Open Source ne se limite plus à quelques projets de passionnés. C’est un écosystème mûr, reconnu et déjà employé dans de nombreux environnements critiques. Ses avantages :
- Transparence et auditabilité : le code étant ouvert, il peut être examiné par tout acteur compétent, limitant les risques de portes dérobées ou de vulnérabilités cachées.
- Interopérabilité : fondé sur des standards ouverts, il réduit considérablement le risque de verrouillage propriétaire.
- Réversibilité : il est plus simple de changer d’éditeur ou de se réapproprier les outils.
Plusieurs solutions Open Source de cybersécurité sont déjà éprouvées :
- Snort et Suricata : détection d’intrusions réseau en temps réel.
- Security Onion : plateforme complète (Suricata, Zeek, Wazuh, ELK, etc.) pour la chasse aux menaces et la réponse aux incidents.
- OWASP ZAP : outil de pentest web incontournable.
- LemonLDAP::NG : solution d’authentification unique (SSO) développée et maintenue par un acteur français (Worteks).
🛡️ Vers une cybersécurité souveraine et éthique
L’Europe commence à avancer sur ce terrain : DSA, DMA, Cyber Resilience Act… Ces régulations sont structurantes, mais elles ne remplacent pas une politique industrielle claire en matière de cybersécurité et d’Open Source.
- Il s’agit de promouvoir une vision européenne de la technologie : ouverte, transparente, respectueuse des droits fondamentaux et portée par un écosystème local.
- Il est crucial de consolider les acteurs européens de l’Open Source et d’investir dans les projets critiques capables de garantir une véritable indépendance.
⚠️ Des freins persistants
Malgré cette dynamique, plusieurs défis demeurent :
- Fragmentation de l’écosystème : beaucoup de PME et de communautés bénévoles peinent à trouver des financements pérennes.
- Manque de reconnaissance dans la commande publique : les administrations continuent de s’appuyer majoritairement sur de grands éditeurs propriétaires.
- Lobbying massif des Big Tech : évalué à plus de 97 millions d’euros par an auprès des institutions européennes, il freine l’adoption d’outils concurrents.
✅ Pistes d’action concrètes
Pour bâtir une souveraineté européenne en matière de cybersécurité
- Créer une Agence Européenne de la Cybersécurité Libre dédiée au soutien des projets Open Source stratégiques.
- Inscrire l’Open Source dans la commande publique en fixant des exigences de transparence et d’auditabilité.
- Mettre en place un “Buy European Secure Tech Act”, sur le modèle américain, pour dynamiser les solutions et fournisseurs européens.
- Renforcer les coopérations entre États, laboratoires de recherche, startups et communautés du Libre, afin de mutualiser savoir-faire et ressources.
🎯 Conclusion : reprendre le contrôle (et se faire accompagner)
La cybersécurité n’est pas qu’un sujet technique : c’est un choix de société, un pilier de notre démocratie et un facteur de résilience face aux crises.
- Sans indépendance technologique, il n’y a pas de souveraineté réelle.
- L’Open Source incarne l’une des meilleures voies pour y parvenir : il est temps de lui donner la place qu’il mérite dans la stratégie européenne.
Open Source Experts (http://www.opensource-experts.com) peut accompagner les grandes entreprises dans l’élaboration d’une stratégie Open Source, en leur offrant un support et une expertise de haut niveau sur les solutions libres. Cette approche permet de renforcer à la fois la sécurité, la transparence et la maîtrise de bout en bout des technologies critiques.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Faut-il accélérer l’adoption des solutions Open Source au sein de nos institutions et entreprises pour mieux protéger nos données et garantir notre souveraineté numérique ? Partagez votre avis en commentaire !